Laurent Margantin | Dans la forêt de Mare-Longue
mardi 24 décembre 2024, par
étrange gymnastique
du bois de rempart
aux racines si puissantes
qu’elles se dressent sur le sol pétrifié
et soulèvent le tronc comme une danseuse
apparition d’un arbre
à la gueule cassée
large ouverture une bouche un œil
vie béante hurlante
les frondaisons ne sont pas épaisses
le sol par instants est éclairé
feuilles et scories étincelent
le songe du chemin
celui qui se met en chemin rêve
le rêve est rouge
la lave noire
émet une lumière froide
venue d’un autre univers
la langue
s’imprègne de tout ce qui l’entoure
goût de l’humus
là où tout ce qui vivait
fut brûlé un jour
la vie est plus forte que jamais
un tronc rouge
au milieu des autres arbres
l’écorce flamboyante
ardente comme la braise
terre de lave qui ne refroidit
jamais vraiment
juste un sentier
à peine tracé
au milieu des scories
des formes indéchiffrables
des masques brisés
du bois mort dirait-on
où la vie pullule
bois maigre étranglé
par un ficus et qui produit
plus de fleurs et de fruits
graines qu’insectes et oiseaux
vont disperser autour d’eux
vie post-mortem du bois maigre étranglé
il a mis son masque de fougères
son épais manteau de mousses et de lianes
et il marche dans la forêt
à la recherche de son tambour
marga en sanskrit
veut dire sentier
quand même plus de la moitié
de ton nom
serpente comme une racine
d’un monde à l’autre
entendu quelques chants brefs
les frondaisons sont trop hautes
les oiseaux restent invisibles
et omniprésents
un sentier pour l’homme
au milieu de mille sentiers inconnus
vu un seul oiseau
espèce de passereau
au plumage marron clair
peut-être un z’oiseau la Vierge
mais il n’avait pas la tête bleue
un tronc
large fente au milieu
à travers laquelle on voit la forêt
derrière un arbre
des racines jaunes
qui serpentent sur le sol
car elles n’ont pu s’enfoncer
dans l’ancienne coulée de lave
fougères toutes fraîches
poussant sur un tronc
polypes blancs
mousses vert tendre
écorce rose dessous